vendredi 26 juillet 2013

La route. Anti-code de la route.

Souvent, je suis tente de dire des choses comme "En Inde, ils ne respectent pas du tout le code de la route", ou bien "Les rues sont vraiment immondes, y'a tellement de dechets". En me faisant ces reflexions, je rapporte tout a l'Europe, comme si c'etait un barometre, un standard. C'est faire comme si, dans le cas du trafic routier, c'est la facon dont nous faisons les choses qui est la norme et qu'en fonction de cela, ce que je vois en Inde ou ailleurs est sale ou propre etc.
En Inde, on vit sous un autre paradigme dans lequel la norme, c'est la facon dont ils conduisent donc l'absence presque totale de regles et l'exception, c'est l'Occident ou les regles sont strictes et explicites.

Tombes du ciel au milieu de ce trafic indien, nous observons le trafic avec des yeux de novices. Ca nous parait de la pure folie, ce bazar! La temerite des conducteurs couplee avec l'absence de regles et d'indications multiplie les risques d'accident a un point absolument ahurissant. Le danger est partout: tout ces conducteurs de camions shootes au bhang pour tenir le coup, ces gamins sur des motos, ces rickshaws-drivers crispes sur leurs guidons, prets a vendre pere et mere pour se faire embaucher pour un tour de la ville par de riches touristes... Et puis les machines, pas la peine d'en faire un dessin, ne ressemblent en rien a ce qu'on voit passer chez nous. Ils sont creatifs quand il s'agit de peinturlurer leurs vehicules, ces indiens, mais qu'en est-il de l'etat des freins, du moteur? Bref, il y a de quoi se faire peur a chaque tournant. Ce petit jeu tres perilleux, d'apres nous, ne peut que mal se terminer.

Apres quelques semaines, on commence a distinguer une certaine logique a cette facon de faire. Il y a bien des normes et des regles, mais pas explicites comme en Occident.
Le flot du trafic, cette maree indescriptible qui coule dans les deux sens, se divise a chaque carrefour, se fend en deux pour eviter les vaches et pietons comme des rochers dans un fleuve. Il n'y a plus d'entites distinctes mais un ensemble qu'un sortilege fait se mouvoir. Tout coulisse, glisse tres pres des obstacles, esquive de justesse les passants -ou l'inverse- , il y a tres peu d'accrochages.
Malgre le bruit, les claxons, tout ca, on ne voit pratiquement pas d'animosite entre les conducteurs. Des visages concentres, transpirants mais attentifs, des yeux percants qui verifient chaque angle et evaluent la situation qui change en permancence. Ils se comprennent sans se parler ni communiquer, mais parce qu'ils savent que le type qui vient de braquer furieusement juste devant l'a fait ainsi parce qu'autrement, il serait deja sous un camion. Ils savent qu'is auraient fait pareil, ils auraient aussi tente de depasser le lambin de devant a la moindre occasion, donc ne s'evervent pas. Il faut forcer le passage quand on veut bifurquer vers une autre avenue, car c'est la seule facon, et les autres le savent. Tous sont sous l'emprise de l'enchantement et absorbes dans le flot.

Bien cales au fond de la banquette du rickshaw, Charles et moi sommes spectateurs. Il ne sert donc a rien d'avoir peur, d'etre angoisse a chaque fois qu'on accelere puisque ca ne changerait rien. A la place, on apprecie le spectacle comme au cinema -mais en mieux- biens assis, les mains jointes et le sourire beat aux levres. La vache qui s'avance sur notre bande, va-t-elle se bouger? Et la jeep la, rugissant a contre sens, on saura l'eviter? Qu'importe, on trouve toujours une solution et tout se passe toujours bien!

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